Cette page parle d'éléments issus des anciennes versions du Légendaire de Tolkien et peut-être en contradiction avec ceux trouvés dans Le Silmarillion, Le Hobbit ou Le Seigneur des Anneaux.
Dagor Dagorath, ou la Seconde Prophétie de Mandos, ou la Dernière Bataille, ou simplement la Grande Fin, est le dernier combat apocalyptique entre Morgoth et les Valar entraînant la victoire finale sur Melkor et la fin du marrissement d’Arda.
Version du Silmarillion publiée[]
La Dernière Bataille est présente dans les différentes versions du Silmarillion écrites par Tolkien. Lors de la conception de la version publiée, Christopher s’est basé sur la dernière version du Valaquenta de son père qui se termine ainsi :
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- — Fin de la Guerre de la Grande Colère, et aboutissement de la Valaquenta.
Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "XXIV. Le voyage d'Eärendil et la Guerre de la Grande Colère"
- Ici se termine Le Valaquenta. De la grandeur et de la beauté il est descendu jusqu'à la ruine et aux ténèbres qui furent jadis le sort d'Arda Marrie. Si cela doit changer, si le Marrissement doit être guéri, Manwë et Varda le savent peut-être, mais ils ne l'ont pas annoncé, non plus que les sentences de Mandos.
Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "XXIV. Le voyage d'Eärendil et la Guerre de la Grande Colère"
Prenant le texte comme une décision de Tolkien de ne pas intégrer Dagor Dagorath dans la version finale, Christopher a repris ce texte pour finir la version publiée du Silmarillion.[1] Cette décision fait débat dans la communauté des fans. Dans une lettre de 1951 à Milton Waldman, Tolkien évoque lui-même la fin du monde telle qu'écrite dans ses versions du Silmarillion. Il est amusant de noter que cette lettre figure en introduction du Silmarillion depuis 2007.[2]
Bien qu’absente de la fin de la Quenta, la Dernière Bataille et la fin du monde, sont évoquées dans différents chapitres.
Concernant les Nains, il est dit qu’après leur mort, ils sont rassemblés dans des cavernes de Mandos séparées des autres peuples. Aulë a jadis annoncé à leurs Pères qu’à la fin des Temps, Ilúvatar les bénirait, leur faisant une place parmi ses Enfants. Ils serviront alors Aulë pour l’aider à reconstruire Arda après la Dernière Bataille.[3]
Quand Varda façonne de nouvelles étoiles et constellations pour éclairer l’éveil des Elfes, il est dit que Menelmacar avec sa ceinture étincelante, annonce l’ultime bataille de la fin des temps.[4]
Concernant les Silmarils, on ne connaîtra la substance qui les composent qu’à la fin des temps, après que le Soleil ne meure et que la Lune ne disparaisse, quand reviendra Fëanor.[5] Quand les deux derniers Silmarils sont perdus dans la terre et la mer, les Eldar savent que les trois joyaux ne seront pas retrouvés ni réunis à moins de briser le monde pour le refaire ensuite.[1]
Le Roi et les guerriers de Númenor qui ont attaqué Aman, ont été enfouis sous la chute des montagnes et on dit qu’ils sont enfermés dans les Cavernes de l’Oubli où ils resteront jusqu’à l’Ultime Bataille au Jour du Jugement.[6]
La Seconde Musique est également évoquée dans le livre. Elle sera jouée devant Eru par les Ainur et les Enfants d’Ilúvatar, après la fin des temps et du monde.[7][8]
Anciennes versions du Légendaire[]
Les Contes perdus[]
Les Contes perdus sont la première version du Légendaire de Tolkien. Même s’ils n’ont jamais été achevés, la Grande Fin y est évoquée.
Melko, bien qu’expulsé du monde, arrive à créer une dispute entre le Soleil et la Lune. Il arrivera que les deux astres franchiront ensemble la Porte de la Nuit pour aller dans le Vide. Melko détruira alors les Portes à l’Est et à l’Ouest et Urwendi et Ilinsor seront perdus. Fionwe Urion, le fils de Manwë, par amour pour Urwendi, ira jusqu’à détruire le monde pour anéantir Melko. Même la Corde des Années mise en place par Fanuin sera détruite et ce sera la fin de la terre et du temps. [9]
Les Eldar dont la vie est liés à Arda, ainsi que tous les Hommes et Elfes décédés se retrouveront devant Eru Ilúvatar. Avec les Ainur, ils entonneront la Seconde Musique et la pensée de l’Unique sera révélés à tous.[10]
Dans la Chute de Gondolin, Tolkien évoque des Dragons faits de métal et de sorcellerie par les sbires de Melko et qui ne seront pas revus avant la Grande Fin.[11]
À la fin du conte Turambar et le Foalókë, il est raconté que Turambar est purifié après sa mort et devient un Valar vivant à Valinor. Lors de la Grande Ruine, il se tiendra au côté de Fionwe et Melko et ses dragons maudiront l’épée Mormakil.[12]
La fin des Contes Perdus se présente sous la forme de notes avec plusieurs versions de l'histoire. Dans l'une d'elle, une prophétie annonce que les elfes de Tol Eressëa iront chercher leurs comparses évanescents de la Terre du Milieu et marcherons vers Valinor. Si les Hommes les aident, Valinor leur sera ouvert. Laurelin et Silpion vivront à nouveau, les montagnes seront abattues et leur lumière inondera le monde. Le soleil et la lune seront alors rappelés sur Terre. Mais si les Hommes s'opposent à eux et se rallient à Melko, ce sera la Grande Fin.
Dans une autres note, Gilfanon prophétise à Eriol la Grande fin et la Ruine de toute chose avec l'affrontement de Fiowë et Tulkas contre Melko dans les plaines de Valinor.[13]
Premier Silmarillion[]
Dans l’Esquisse de la Mythologie, Eärendel est envoyé dans le ciel avec le Silmaril au front et Elwing à ses côtés. Il veille sur la Porte de la Nuit pour empêcher le retour de Melkor. Quand le monde devient plus vieux et les dieux fatigués, Morgoth arrive à revenir sur terre. La Dernière Bataille a lieu sur la plaine de Valinor. Fionwe, aidé de l’esprit de Túrin, affronte le Seigneur Ténébreux. C’est Túrin avec son épée noire qui tue Morgoth vengeant ainsi la lignée de Húrin.
Les Silmarils perdus dans la terre et la mer sont retrouvés et Eärendel descend du ciel et rend celui qu’on lui a confié. Maidros brise les Joyaux et Belaurin (Palúrien) avec leur feu redonne vie aux Arbres du Valinor. Les Pelóri sont rasés et la lumière divine éclaire le monde. Les dieux, les elfes et les hommes redeviennent jeunes et les morts s’éveillent à nouveau.[14]
Quenta Noldorinwa[]
On retrouve une version assez proche de celle du Premier Silmarillion avec quelques modifications. La fin du Monde est ici présentée comme une Prophétie de Mandos, faite lors du Jugement des Dieux après la Guerre de la Grande Colère. Quand le monde sera vieux et les dieux faibles, Morgoth franchira la Porte de la Nuit et détruira le soleil et la Lune. Eärendel venant du ciel comme une flamme le fera tomber sur la plaine du Valinor où il affrontera Tulkas aidé par Fionwë à sa droite et Túrin à sa gauche, venant des Cavernes de Mandos. À la fin, la Noire épée tuera Melko, vengeant ainsi les enfants de Húrin et les Hommes.
La Terre sera détruite puis refaite et les trois Silmarils à nouveau réunis. Fëanor donnera les joyaux à Yavanna, qui en les brisant redonnera vie aux deux Arbres. Les Pelóri seront abattus et la lumière inondera le monde. Les Dieux seront jeunes à nouveau et les elfes morts s'éveilleront. La Prophétie ne dit pas ce qu'il advient des hommes.[15]
Quenta Silmarillion[]
Cette version reprend celle de la Quenta Noldorinwa, en y incluant les diverses corrections que Tolkien y avait noté ainsi que quelques modifications de style.[16]
Silmarillion tardif[]
Le texte est quasiment identique à celui de la Quenta Silmarillion. Les noms des protagonistes ont été changé et c'est Fëanor qui brise les Silmarils. Les deux dernières phrases concernant le retour de la jeunesse des dieux et la renaissance des elfes morts sont barrées d'un X.[17]
Textes tardifs[]
Dans le texte The Problem of Ros, le retour de Túrin d'entre les morts apparait dans la Prophétie de Andreth. Le héros reviendra pour la dernière bataille (Guerre de la grande Colère) et affrontera Ancalagon.[18]
À la fin de se vie, Tolkien revient sur la cohérence de sa mythologie. La conception d'une Terre plate et du Soleil et de la Lune, fruits de deux arbres, n'est pas cohérent avec l'univers actuel. Cela ne peut être la vision des Maîtres du savoir des Eldar ayant côtoyés les Dieux. Le Silmarillion devient alors un Légendaire créé par les hommes. Les premiers Edain mélangent leur propres mythes avec leur compréhension du savoir des elfes du Beleriand. Transmis aux Númenóréens puis aux Dúnedain, elle devient cette mythologie naïve et féérique décrite dans le livre.[19] Les Elfes s'attendent à ce que la fin d'Arda soit catastrophique, sans autant avoir ni mythe ni légende traitant de la fin du monde. C'est une déduction de leurs observations et non une "révélation des dieux". La Prophétie de la Grande Fin et du dernier combat de Morgoth est une croyance humaine d'origine númenóréenne.[20]
Dans une lettre de 1951 à Milton Waldman des édition Collins, Tolkien décrit l’univers de la Terre du Milieu. Il termine l’histoire de son légendaire par « une vision de la fin du monde, de sa rupture et de sa refonte, et de la récupération du Silmarilli et de la « lumière avant le soleil » – après une bataille finale ». Il reconnaît l’influence sur cette Grande Fin de la vision nordique du Ragnarök, bien qu’elle en soit très différente.[2]
C’est dans l’Essai sur les istari de 1954, qu’apparaît pour la seule fois, le nom sindarin de Dagor Dagorath, désignant « le retour de Melkor qui marquera la venue de la Fin » [21]
Étymologie[]
Dagor Dagorath est un nom Sindarin, signifiant la bataille de toutes les batailles. Il n’apparaît que dans un court texte sur les Istari.[21]
Dans le serment que fait Elendil en arrivant en Terre du Milieu, la "fin du monde" est donnée en Quenya, Ambar-metta.[22]
Dans une liste de noms des années 1930, on trouve le nom de la dernière bataille en Noldorin, Dagor Delothrin, la "Terrible Bataille".[23]
Voir aussi[]
Affiliations[]
Références[]
- ↑ 1,0 et 1,1 J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "XXIV. Le voyage d'Eärendil et la Guerre de la Grande Colère"
- ↑ 2,0 et 2,1 J.R.R. Tolkien, Lettres - Lettre 131
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "II. Sur Aulë et Yavanna"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "III. La venue des Elfes et la captivité de Melkor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "VII. Les Silmarils et l'agitation des Noldor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Akallabêth
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Ainulindalë
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Quenta Silmarillion, "I. Au commencement des jours"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Livre des contes perdus - "IX. La dissimulation de Valinor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Livre des contes perdus - "II. La musique des Ainur"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Second Livre des contes perdus - "III. La Chute de Gondolin"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Second Livre des contes perdus - "II. Turambar et le Foalókë"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Second Livre des contes perdus - "VI. L'histoire d'Eriol ou Ælfwine"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Formation de la Terre du Milieu - "II. Le Premier « Silmarillion » (L'Esquisse de la Mythologie)"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Formation de la Terre du Milieu - "III. La Quenta"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Route perdue - Part. 2, "VI. Quenta Silmarillion"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), The War of the Jewels - Part. 2, The Later Quenta Silmarillion, "The Last Chapters"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Route perdue - Appendices : "II. La Liste de noms"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Morgoth's Ring - Part. 5, "Myths Transformed I"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Morgoth's Ring - Part. 4, "Athrabeth Finrod ah Andreth"
- ↑ 21,0 et 21,1 J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Contes et légendes inachevés - Quatrième Partie, "II. Les Istari"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux , Le Retour du Roi - Livre 6, "V. L’Intendant et le Roi"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Route perdue - Appendices : "II. La Liste de noms"