La chute ou la Submersion de Númenor est causée par l'enchainement d'une série d'évènements qui la conduisent à son destin tragique. Ils sont principalement racontés dans Le Silmarillion, et, plus précisément, dans l'Akallabêth, mais aussi dans La Route perdue (The Lost Road), qui explique la genèse du récit.
Causes[]
La cause principale de la Chute de Númenor provient du désir d'immortalité, de la soif de pouvoir et de l'orgueil des Númenóréens, et principalement de ceux qui sont appelés les Hommes du Roi.
Cette rébellion contre les Valar atteint son paroxysme sous le roi Ar-Pharazôn, qui, sous l'influence néfaste de Sauron, décide d'envahir les Terres Immortelles.
La destruction de Númenor est causée par Eru Ilúvatar lui-même lorsque l'armada númenóréene débarque à Aman.
Histoire[]
La montée de l’ombre[]
La Chute de Númenor est le résultat d'un long processus qui débute vers 1800 D.A. lorsqu'ils commencent à installer des colonies permanentes sur la Terre du Milieu. Le premier signe tangible est le fait que le roi Tar-Atanamir n'abandonne pas le pouvoir à son fils de son vivant (il meurt en 2221 D.A.), puis, au cours du règne de son fils, Tar-Ancalimon, certains commencent à parler ouvertement contre l'Interdit des Valar et se détournent des Eldar.
En 2899 D.A., une nouvelle étape est franchie lorsque le nouveau roi prend pour la première fois un nom en langue Adûnaic (plutôt qu'en Quenya), Ar-Adûnakhôr. D'ailleurs, pendant son règne, de très nombreux Fidèles s'exilent en Terre du Milieu. Deux ans plus tard, vers 3110 D.A., l'usage des langues elfiques sont interdites et les elfes eux-mêmes n'ont plus le droit de venir sur l'île. Le mal est si bien ancré parmi les Númenóréens que lorsque, à partir de 3177 D.A., le roi Tar-Palantir se repentit des actions de ses prédécesseurs, il en résulte des conflits et une rébellion contre son autorité.[1][2]
Le règne d'Ar-Pharazôn[]
À la mort de Tar-Palantir, le parti des Hommes du Roi reprend la main sous l'action de son chef qui usurpe le trône en forçant la fille du roi défunt, l'héritière légitime Tar-Míriel, à l'épouser[3]. Ainsi commence le règne de Ar-Pharazôn. Après une expédition en Terre du Milieu, il ramène avec lui Sauron, qui fait semblant de lui être soumis, et qui en quelques années devient son plus proche conseiller. Un culte de Morgoth est instauré sur l'île dont Sauron est le grand prêtre. Sous l'influence néfaste de Sauron, sentant venir la mort, Ar-Pharazôn construit une armada afin d'envahir les Terres Immortelles.[1]
Les Drúedain ayant comme une prémonition et ne sentant plus la terre sous leurs pieds, quittent progressivement l’île en prenant les navires qui vont en Terre du Milieu.[4]
Amandil, avec trois serviteurs, entreprend de naviguer vers l’ouest et tenter comme son ancêtre Eärendil de plaider la cause des hommes auprès des Valar. Il conseille à son fils Elendil de se préparer à fuir vers la Terre du milieu avant de prendre la mer. Nulle nouvelle n’est jamais parvenue de sa tentative de joindre Aman.
Le temps toujours clément dans l’île commence à se dégrader, et Númenor connaît des pluies violentes, le vent et la grêle. Parfois, le soir, un grand nuage en forme d’aigle avec des éclairs sous ses ailes obscurcit tout l’ouest. Si certain ont peur, le roi affermi sa volonté, accusant les Seigneurs de l’Ouest de frapper le premier coup.
La foudre frappe même le temple érigé par Sauron et ce dernier monte à son sommet pour défier les Valar, apparaissant alors comme un dieu pour les Fidèles du roi. Quand un tremblement de terre frappe l'île et que de la fumée s’échappe du Meneltarma, leur volonté n’en est que raffermi et ils continuent de préparer la guerre.
Un soir, les Aigles des Seigneurs de l’Ouest surgissent du couchant, couvrant le ciel, alignés comme en formation de combat, a perte de vue. Le soleil couchant fait rougeoyer leur ventre comme une flamme de courroux, illuminant tout Númenor comme par un feu de braises. Ar-Pharazôn monte alors dans son navire et lance le signal du départ. Ils partent vers l’Ouest et bravent l’Interdit des Valar en 3319 D.A..[1][2]
La chute de Númenor[]
L'immense flotte atteint enfin les côtes du Royaume Béni. Elle encercle Avallónë et l'île de Tol Eressëa qui reste silencieuse. Puis le navire du roi atteint Valinor. Toute la terre est silencieuse à l'ombre du Taniquetil et Ar-Pharazôn est en proie au doute et à l'appréhension. Mais son orgueil le guide, et descendant de son vaisseau, foule le rivage, déclarant cette terre sienne, et un grand régiment de l'armée de Númenor bivouaque près de Túna qui a été déserté par les Eldar.
Dans son palais, Manwë fait alors appel à Eru Ilúvatar, et l'Unique déchaine sa puissance sur Arda. Un immense abime s'ouvre dans Belegaer entre Aman et Númenor. Toute la flotte est entrainée dans les profondeurs déchainées et un grand éboulement venant des Pelóri enseveli Ar-Pharazôn et ses troupes qui ont débarqué. Ils demeureront ensevelis dans les Cavernes des Oubliés jusqu'à la Dernière Bataille.
À Númenor, trente-neuf jours après le départ de l'armada du roi, le Meneltarma entre en éruption. Les vents se déchainent et la terre tremble, faisant s'écrouler les collines. L'île bascule puis sombre dans l'océan, engloutissant les palais, les villes et la population. Tar-Míriel dans un dernier espoir, tente de gravir la montagne sacrée, mais la dernière grande vague l'englouti avec le reste de l'île.[1][2]
Conséquences[]
Les conséquences de la chute de Númenor sont terribles. En effet, non seulement l'île-continent est submergée par une vague immense et disparait sous les eaux, mais c'est aussi une transformation d'Arda elle-même qui devient ronde. Les Terres Immortelles sont désormais hors du monde, inaccessibles, sauf par la Voie Droite. Le cataclysme et les raz de marée, modifient les côtes de la Terre du Milieu, rognant le Lindon, augmentant les terres de la Baie de Belfalas, modifiant le cours de l'Anduin ou ravageant Tolfalas.[5] À l'ouest, remplaçant Aman, de Nouvelles Terres apparaissent dans l'océan.[1]
Arda après la submersion
Les trésors, connaissances et documents que les Númenóréens ont amassés pendant plusieurs millénaires disparaissent sous les flots
Hormis les Númenóréens installé en Terre du Milieu, seuls les Fidèles, membres des neuf navires menés par Elendil, Isildur et Anárion survivent au cataclysme. Ils emportent avec eux des biens, comme les Palantíri et des manuscrits précieux. Ils débarquent en Terre du Milieu et fondent les Royaumes Númenóréens en Exil, d'Arnor et Gondor. Les survivants, installés au nord, sont connus sous le nom de Dúnedain. Ceux du Haradwaith, composés à majorité d’Hommes du Roi, prendrons le nom de Númenóréens Noirs.
Sauron est resté sur l'île, et se moque de la mauvaise fortune d'Ar-Pharazôn, assis sur son trône dans son temple. Mais quand la colère des Valar frappe Númenor, il est précipité sous les flots et perd sa forme mortelle à fière apparence qu'il avait prise pour séduire les Edain. Son esprit échappe au naufrage et retourne en Terre du Milieu. En Mordor, dans la tour de Barad-dûr et grâce à son Anneau, il reprendra une forme visible, images de la haine et du mal que seuls quelques-uns peuvent regarder en face.
Après sa chute, Númenor est appelée Atalantë, "la Déchue" en quenya, Mar-nu-Falmar "disparue sous l’onde" en sindarin ou Akallabêth "la Déchue" en adûnaic.[1]
Anciennes versions du légendaire[]
Dès les premières versions, les structure globale de l'histoire est présente avec seulement quelques variations. Dans la première version de La Chute de Númenor, les Númenóréens peuvent naviguer jusqu'à Tol Eressëa et les futurs rois peuvent aller une seule fois à Valinor avant leur couronnement. Sûr (Sauron) vient dans l’île sous la forme d’un grand oiseau et prophétise la seconde venue de Morgoth. Il a l’écoute du roi Angor et de sa reine Istar, à qui il promet la vie éternelle et la domination du monde, en récompense de leur foi. Il les persuade que les dieux empêche Morgoth de leur faire ce don et qu’il faut vaincre l’Ouest. Angor construit une grande flotte et navigue vers Valinor. Il ne pose pas le pied en Aman, seuls quelques-unes de ses troupes le font et frappe de la foudre les rivages, portant le feu au pied du Taniquetil. Lors du cataclysme, les elfes de Tol Eressëa sont touchés. Ils passent ensuite les portes de la mort avant d'être accueilli à Valinor. La recherche de l'immortalité et la construction de grand Tombeaux par les seigneurs des Edain a lieu en Terre du Milieu et non à Númenor.[6]
Dans la deuxième et troisième versions de La Chute de Númenor, le roi Tar-Kalion, jaloux de la puissance de Sauron en Terre du Milieu lui envoie des émissaires pour qu'il vienne à Númenor s'incliner devant lui. Sauron, voulant empêcher la venue des hommes de l'ouest sur ses terres et voyant un moyen de défaire la puissance de l'île, accepte. Le passage sur le départ des elfes de Tol Eressëa, est supprimé.[7][8]
Dans les textes suivants, the Drowning of Anadûnê, l’Interdit des Valar prend sa forme finale. Tarkalion se rend en Terre du Milieu pour soumettre Sauron. Tar-Ilien ne prend pas la mer avec la grande flotte et Avallondè est détruite lors du grans cataclysme.[9] Les trois versions suivantes de ce texte évoluent pour se rapprocher de la versions publié de l’Akallabêth.[10][11]
Apparitions[]
Dans la série Les Anneaux de Pouvoir, Míriel et son père Tar-Palantir ont une vision de la chute de Númenor dans le Palantir d'Armenelos.[12]
Galerie[]
Affiliation[]
Références[]
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Le Silmarillion - Akallabêth
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Contes et légendes inachevés - Deuxième Âge, "III. La lignée d'Elros : les rois de Númenor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux - Appendice A : "Annales des Rois et des Seigneurs souverains - I. Les Rois Númenóréens" - (I) Númenor
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Contes et légendes inachevés - Quatrième Partie, "I. Les Drúedain"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), The Peoples of Middle-earth - "VI. The Tale of Years of the Second Age"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Route perdue - Part. 1, "II. La Chute de Númenor, (ii) La première version de La Chute de Númenor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), La Route perdue - Part. 1, "II. La Chute de Númenor, (iii) La deuxième version de La Chute de Númenor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Sauron Defeated - Part. 3, "I. The third version of The Fall of Númenor"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Sauron Defeated - Part. 3, "II. The original text of The Drowning of Anadûnê"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Sauron Defeated - Part. 3, "III. The second text of The Drowning of Anadûnê"
- ↑ J.R.R. Tolkien, Christopher Tolkien (éd.), Sauron Defeated - Part. 3, "IV. The final form of The Drowning of Anadûnê"
- ↑ Les Anneaux de Pouvoir - Saison 1, "IV. La Grande Vague"